Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
317
sur quelques ossements humains fossiles.

toute raison de croire qu’ils sont restés à ce même état depuis le temps de Mammouth et du Rhinoceros tichorrhinus jusqu’à nos jours, je ne crois pas que l’on dût s’attendre à un autre résultat.

Où donc alors faut-il chercher l’homme primitif ? Le plus ancien individu du genre homo sapiens date-t-il des terrains pliocènes ou des miocènes ? Est-il encore plus ancien ? Les ossements fossiles de quelque singe plus anthropomorphe ou de quelque homme plus simien qu’aucun de ceux qui sont connus attendent-ils dans des couches géologiques les plus vieilles les recherches d’un paléontologiste qui n’a point encore vu le jour ?

L’avenir nous l’apprendra. En attendant, disons que si une théorie quelconque de développement progressif se vérifie, nous devrons ajouter de longues périodes aux estimations les plus larges qui aient été données de l’antiquité de l’homme[1].

  1. Les découvertes de M. l’abbé Bourgeois, dont nous parlerons dans l’appendice, rendent éminemment probable la démonstration de l’existence de l’homme à l’époque miocène. Mais, puisque cette expression se rencontre, faisons remarquer qu’en définitive, les termes éocène, miocène et pliocène ne désignent en aucune façon des périodes tranchées dans l’histoire de la terre ; on se rappelle que ces termes ont été appliqués par Lyell aux formations tertiaires, au point de vue exclusif de la palé-conchyliologie. Les couches sont dites éocènes quand elles renferment une petite proportion de mollusques dont les espèces sont encore vivantes ; miocènes, quand la proportion atteint 17 pour 100 ; et pliocènes, quand elle monte de 35 à 95 pour 100. Jamais les vices d’une nomenclature tout arbitraire, ne se montrèrent plus fâcheusement ; à cette heure, elle n’offre plus aucun rapport étymologique exact, non plus que les termes post-pliocène, pleiostène, etc. Il serait grand temps de renoncer à ces dénominations toutes fictives. La période tertiaire offre plus qu’aucune autre peut-être, une assez grande uniformité ; ni la faune ni la flore tertiaires ne contredisent la possibilité de l’existence de l’homme à ses dates les plus anciennes et jusqu’au moment où une grande partie de notre hémisphère s’est recouverte de glaces ; les documents exhumés par M. Bourgeois et les remarques de M. Martins, sur les traces préglaciaires de