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du congrès paléo-anthropologique.

pologie nous commençons à apprécier et à déterminer rigoureusement les types humains synchroniques, nous possédons très-peu de documents sur les êtres qui nous ont précédés à des époques excessivement reculées.

L’une des causes de cet état de la science est le singulier régime de despotisme intellectuel sous lequel nous sommes habitués à vivre. Je fais ici allusion aux longues luttes qu’eurent à subir Boué, Tournal, de Christol, Schmerling, Boucher de Perthes et d’autres encore, qui virent leurs découvertes repoussées a priori pendant près de quarante ans par les savants qui depuis Cuvier se sont transmis le flambeau pâli de la science classique et immuable. Aujourd’hui même il se trouve encore des hommes qui occupent dans l’enseignement les positions les plus élevées, et qui prennent au sérieux les pieuses mais déplorables erreurs du trop célèbre Discours sur les révolutions du globe. C’est en grande partie à cause de cette tyrannie, dont souffrent plus qu’on ne saurait dire toutes les branches du savoir, que l’anthropologie préhistorique ne date que d’hier, et ce n’est que grâce aux efforts de J.-Geoffroy Saint-Hilaire et de M. de Quatrefages, qu’elle a enfin réussi à pénétrer dans l’enceinte académique, du moins en France.

C’était donc pour la première fois qu’était nettement posé dans un congrès scientifique le problème de la succession des races dans les temps préhistoriques, qui n’est, nous en convenons, qu’un acheminement vers l’étude des modifications organiques que peuvent offrir les êtres humains par la culture, les milieux, le croisement ou par des causes encore mal déterminées.

M. Pruner-Bey, dont la science et le zèle ont acquis et méritent la plus haute estime, a le premier pris la parole sur cette sixième question. Sans rejeter définitivement la préexistence supposée des brachycéphales en Europe,