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analyse des travaux anthropologiques

M. Pruner-Bey, tout en signalant l’insuffisance de la dichotomie de Retzius, reconnaît la coexistence des deux types aux époques préhistoriques de l’Europe. Néanmoins, en étudiant l’homme de l’âge du renne d’après les pièces osseuses dues aux fouilles de la province de Namur, faites par M. Dupont, à celles de Bruniquel par M. Brun, à Solutré (Saône-et-Loire) par M. de Ferry, M. Pruner-Bey pense que l’homme de cette période était mongoloïde, et qu’il n’y a rien dans ses caractères physiques qui ne se retrouve de nos jours chez l’homme, « dont le renne est à la fois la proie et le compagnon. »

Ailleurs M. Pruner-Bey, plus explicite, a rattaché ces hommes à « la famille uralo-altaïque du grand rameau touranien[1]. » Cette race compterait encore de nos jours des représentants dans les Alpes tyroliennes et dans les vallées d’Enneberg et de Graden, occupées par une population à petite taille, à teint jaune bistre, à chevelure lisse et noire, à crâne arrondi ; on en trouve des types isolés aux environs de Glaris, en Bretagne, en Espagne, en Portugal, dans les Pyrénées, et les descendants des anciens Ibères appartiennent au même type. Il aurait, il est vrai, subi quelques modifications ; la partie frontale du crâne se serait redressée ; elle aurait gagné en hauteur et en largeur, la taille a pu s’élever tout en restant petite et le mode de mastication se serait modifié.

Quant à la race dolichocéphale préhistorique, elle apparaît en France et dans les pays limitrophes à l’époque de la pierre polie : c’est la race arienne. En sorte que, pour M. Pruner-Bey, la race dolichocéphalique, dont il a amplement décrit les caractères, est survenue au milieu d’une population dont les traits étaient diamétralement oppo-

  1. Dupont. Étude sur l’ethnographie de l’homme de l’âge du renne, p.31.