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INTRODUCTION.

depuis bien des siècles, à imaginer l’inertie d’un corps qui représente la matière, et le mouvement qui représente la force et qui est communiqué au corps. Descartes, adoptant ce dualisme fictif, s’est écrié : « Donnez-moi de la matière et du mouvement, je referai le monde. » Prétentieuse assertion dont Diderot fit justice, où se montre l’ignorance de la vraie méthode scientifique, qui classe les phénomènes et en établit la succession sans s’inquiéter de savoir ce qu’ils sont en soi. Ce qu’on entend par matière est véritablement ce qu’il y a de plus inintelligible ; aussi, en l’absence de toute définition, les matérialistes prétendent-ils que la matière est tout ce qui est. Les spiritualistes de leur côté avancent que ce tout ce qui est est un produit d’une force qui seule a de la réalité et qui seule est tout ce qui est, le principe des choses. Arrivés là, les uns et les autres, se retranchent derrière des affirmations personnelles et la discussion devient une dispute ; mais nous avons assez marqué la ligne qui sépare, dans l’ordre d’idées où nous sommes, la recherche possible de la recherche impossible, et, pour ce qui est de l’origine des choses, nous croyons qu’il faut désormais affirmer qu’il n’en est pas de concevable, c’est-à-dire qu’il n’en est point.

Or, à un point de vue purement abstrait, il en est nécessairement de notre planète comme de l’univers ; il en est de la vie organique, il en est de l’homme comme de la Terre. Tout a toujours été en