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Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/59

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INTRODUCTION.

ensemble de traits distinctifs dont la transmission s’accomplit naturellement, régulièrement et indéfiniment, dans un ordre donné de choses[1]. »

On voit par ces exemples combien une même expression peut entraîner de significations distinctes, et combien, dans une discussion qui ne serait pas extrêmement rigoureuse, on peut aisément glisser sur le plus ou moins de ressemblance des individus et sur le degré de fécondité qu’ils peuvent offrir. Il faut donc être rigoureux ou renoncer à résoudre cette question des espèces qui domine toute la biologie ; et si l’on peut montrer d’une part que les deux caractères de filiation continue et de ressemblance au maximum n’ont rien de constant, d’une autre part, qu’entre les groupes spécifiques il n’y a point d’abîme, ainsi qu’on le dit souvent, et que chaque jour tend à combler, par la découverte de documents paléontologiques, les différences réelles qui séparent les espèces contemporaines, on conviendra que dans son sens classique l’entité espèce, longtemps utile pour la description et la classification des corps organisés, est devenue dangereuse au progrès du savoir humain. Le premier effort des hommes livrés à la culture de la science doit être, en ce cas, de briser cette barrière qui limite, plus que ne semble le comporter une question d’histoire naturelle, le développement mental de la société humaine.

  1. De la pluralité des races humaines, p. 169.