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INTRODUCTION.

primitive de son existence ; il ne lui est pas plus donné d’avoir des notions précises relativement aux circonstances de sa formation qu’à chaque individu en particulier de conserver le souvenir de celles de sa propre naissance, et il a bien fallu invoquer le secours d’une lumière surnaturelle pour persuader aux hommes ce que l’on devait croire à cet égard[1]. »

Or, les points que je viens d’indiquer sont aussi positifs que l’un quelconque des faits d’histoire naturelle : il est certain qu’il s’est produit à la surface de la terre une succession d’êtres organisés différents les uns des autres, non-seulement dans le même temps, mais dans la suite des temps ; en sorte que peu à peu le monde organique a offert une série multiple d’êtres organisés selon l’ordre d’une complication croissante. Il n’est pas moins certain qu’un nombre énorme de ces types ont disparu : leur permanence est donc une fiction, et leur reproduction indéfinie dans le même type, ou, selon l’expression de M. Flourens, leur éternité, une erreur.

Examinons ces deux points : M. Broca, dans ses célèbres Recherches sur l’hybridité, a pris les chiens domestiques pour base de ses arguments : « Malgré la diversité excessive de leur taille, de leur pelage, de leurs formes, de leurs instincts, dit-il, tous peuvent se croiser et se mélanger indéfiniment. On admet donc

  1. Cabanis, Rapp. du phys. et du moral, dixième Mémoire, § 2. 8e édition par L. Peisse. Paris, 1844, p. 477