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HYPOTHÈSE DE L’ESPÈCE.

qu’ils ne forment qu’une seule espèce et qu’ils proviennent tous d’une souche commune. » Voilà donc un groupe qui est espèce par l’un des caractères, la fécondité, et qui ne l’est plus par un autre caractère, la ressemblance entre les individus, car nul ne contestera qu’il y a plus de différence entre un terrier et un lévrier qu’entre un cheval et un hémione qui sont d’espèces différentes. Que si, pour échapper à cette objection, on suppose à l’origine plusieurs types, c’est-à-dire plusieurs espèces de chiens — l’espèce qui tout à l’heure se prouvait par la fécondité continue, perd cette dernière caractéristique, et dès lors la notion espèce peut s’appliquer dans le même type au mélange de deux ou de plusieurs espèces.

On a cru échapper à cette objection en supposant que tous les chiens étaient issus d’un couple primitif et que les variations qu’ils offraient aujourd’hui étaient acquises par les croisements et par la domesticité. Cette hypothèse, professée tout d’abord par Guldenstaëlt, adoptée par Cuvier, Is. Geoffroy Saint-Hilaire, M. de Quatrefages, et corroborée par plusieurs expériences de M. Flourens, d’apparence concluante, rattache le chien au chacal ; elle expliquerait en effet la fécondité continue de l’espèce chien[1]. Mais ici se présente une nouvelle objection : comment une même espèce a-t-elle

  1. Voyez sur ce point de Quatrefages, Unité de l’espèce humaine, p. 105, et Broca, Sur l’hybridité, p. 543.