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HYPOTHÈSE DE L’ESPÈCE.

moutons et des chèvres, des chevaux et des poules, des canards et des lapins.

M. Darwin, dans son célèbre ouvrage sur l’origine des espèces, s’est surtout attaché à décrire les différences qu’offrent entre elles les races de pigeons, et l’on connaît son opinion fondamentale, partagée par tous les naturalistes, sur l’origine commune de toutes leurs variétés, fécondes entre elles, et cependant assez distinctes par leur forme pour qu’on les puisse prendre pour autant d’espèces ; en généralisant la question on en est d’ailleurs arrivé à reconnaître que la grande majorité des espèces domestiques est d’origine inconnue, en sorte qu’il faut bien admettre que ce sont là des produits artificiels dont le type primitif a complètement disparu, et qui, pour la plupart, ne sauraient subsister à l’état sauvage.

On conçoit que ce ne saurait être notre projet de traiter ici dans tous ses développements la question de l’espèce qui a donné lieu à tant de travaux récents de premier ordre, parmi lesquels ceux de M. Broca, de M. Godron[1] et de M. Naudin, écrits dans des opinions différentes, méritent une étude toute spéciale. Mais si l’on tient compte de tous les faits, on reconnaîtra que, même pour « un ordre de choses donné, » des exceptions très-nombreuses peuvent être produites à la règle qui assure la reproduction par des individus

  1. Godron, de l’Espèce et des races dans les êtres organisés. Paris, 1859.