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INTRODUCTION.

pu engendrer des types tellement distincts, et, en cas d’explication satisfaisante, que devient l’immutabilité morphologique de l’espèce ?

Évidemment il ne peut être ici question de croisement : un croisement suppose des éléments hétérogènes ou, si l’on veut, des espèces distinctes. Il faudra donc admettre que sous les influences des milieux, les chiens ont pu acquérir les traits si profondément spécifiques qu’ils offrent aujourd’hui et qui portent sur les organes les plus stables de l’économie, sur ses appareils les plus caractéristiques, — le crâne, le squelette, le nombre des doigts et celui des vertèbres, celui des mamelles, etc., aussi bien que par le pelage, les oreilles, le nez, etc. ?

Dans ce cas, l’un des traits, la ressemblance, doit être sacrifié à l’autre.

Il ne reste donc que l’hypothèse de la multiplicité originelle des espèces de chiens, et à coup sûr, quand on a sous les yeux des types aussi distincts que le limier, le boule-dogue, le lévrier et le terrier, on est bien forcé, de prime abord, à admettre que leurs dissemblances sont assez considérables pour qu’à ce point de vue, ils ne puissent être de la même espèce ; mais comme leurs croisements sont fertiles, on suppose par pétition de principe qu’ils sont de la même espèce.

Quoique ce raisonnement ne puisse s’appliquer avec la même justesse qu’aux espèces domestiques et fort inégalement, il conserve toute sa valeur à l’égard des