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Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/67

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INTRODUCTION.

comme les idées races, variétés, espèces, ne sont que des nuances, il ne reste, en réalité, qu’un seul juge de ce qui est espèce ou race, c’est la filiation continue. Mais rien n’est plus douteux que la fécondité indéfinie des différentes races humaines. Les recherches de MM. Broca et Perier ont établi à cet égard des catégories très-nombreuses, qui donnent du croisement des races humaines une notion fort analogue à celle des croisements des différentes espèces d’un même genre[1].

Toutes ces considérations le cèdent peut-être en importance à celle de l’extinction de certaines espèces ; ici un coup décisif est porté à l’idée de leur perpétuité ; d’innombrables formes organiques existaient dans un passé dont la date échappe à tout calcul, et ont aujourd’hui disparu ; quoi de plus naturel que de supposer que les formes spécifiques modernes, dont l’apparition est relativement récente, sont les descendantes, de même qu’elles sont les héritières des forces organiques que représentaient les groupes sans équivalents individuels dans la vie actuelle ? D’où proviendraient, en effet, les espèces nouvelles, si ce n’est des anciennes, grâce à un concours de circonstances sur les-

  1. Outre le travail déjà cité de M. Broca sur l’hybridité, on consultera avec fruit, sur ce point, les trois Mémoires de M. Périer, publiés dans Mémoires de la Société d’anthropologie, t. i et ii. L’auteur de ces remarquables écrits a mis au service de sa thèse les ressources d’une rare érudition. Il a successivement examiné les résultats de tous les croisements connus dans les cinq parties du monde.