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HYPOTHÈSE DE L’ESPÈCE.

quelles nous n’avons jusqu’à ce jour que des données incomplètes, quoiqu’elles soient suffisantes pour nous faire entrevoir les procédés naturels de l’évolution organique ? Que diraient les physiciens et les chimistes si l’on avançait que les transformations de la planète sont non des métamorphoses, mais des créations successives d’éléments nouveaux ? et pourquoi les manifestations d’ordre vital échapperaient-elles aux lois d’indestructibilité constatées dans l’ordre inorganique ?

Aussi longtemps que la biologie, subordonnée aux sciences géologiques, n’avait devant elle pour expliquer l’existence, qu’un petit nombre d’années, tel que celui que nous fournissent les livres hébraïques, l’esprit enfermé dans ce cercle étroit faisait appel aux forces surnaturelles à qui rien ne coûte ; — aujourd’hui nous entrevoyons l’œuvre dans son lent accomplissement à travers des myriades de siècles ; mais deux conditions doivent, outre la durée, se vérifier dans les faits ; c’est, d’une part, l’apparition dans les temps successifs de formes de plus en plus parfaites ; d’autre part, l’existence réelle d’une série animale qui nous montre encore dans l’espace les étapes graduelles du développement de la vie.

Or, ces deux conditions sont réalisées : il existe une série organique dans le temps et dans l’espace ; nous chercherons dans les pages qui suivent à en rappeler les traits principaux.