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transformation des formes organiques.

dant, presque tout y est indiqué : les climats, les saisons, la culture et la domestication, mais par-dessus tout l’exercice fonctionnel, ou, selon son expression, les habitudes, dont l’étude minutieuse l’a conduit à formuler les deux lois suivantes, bien dignes d’être reproduites une fois de plus :


i. Dans tout animal qui n’a point dépassé le terme de ses développements l’emploi plus fréquent et soutenu d’un organe quelconque fortifie peu à peu cet organe, tandis que le défaut constant d’usage de tel organe l’affaiblit insensiblement, le détériore, diminue progressivement ses facultés, et finit par le faire disparaître.

ii. Tout ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l’influence des circonstances où leur race se trouve depuis longtemps exposée, et par conséquent par l’influence de l’emploi prédominant de tel organe ou par celle d’un défaut constant d’usage de telle partie, elle le conserve par la génération aux nouveaux individus qui en proviennent, pourvu que les changements acquis soient communs aux deux sexes ou à ceux qui ont produit ces nouveaux individus[1].


Toutes les lois de M. Darwin sur la concurrence vitale et sur la sélection naturelle, sont contenues dans ces deux énoncés, mais à peu près à la façon dont l’animal est contenu dans l’embryon. De plus, Lamark n’a parlé en détail que du besoin et de l’habitude ; il ne paraît pas avoir tenu compte des résultats du métissage et de l’hybridité, ni ceux que l’embryogénie comparée nous a révélés ; enfin, il ne pouvait connaître ni les faits paléontologiques, ni, à plus forte raison, les légitimes espérances qu’ils font concevoir

  1. Lamarck, Philosophie zoologique. Paris, 1809, t. i, p.255.