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le quartier saint-séverin

de pères en fils, pressurant les chrétiens dans la gêne.

Au dix-huitième siècle, les maisons de la rue Galande appartinrent à des gens de la noblesse et à des gens de robe. Lefeuve signale, en effet, parmi ses habitants, un maître de comptes, un doyen de la Faculté de Picardie, le président Lamoignon, des seigneurs de Lesseville, maître des Requêtes ; de Rubelles, membre de la cour des Aides.

Les cabaretiers et les gueux les ont remplacés dans leurs hôtels. Déjà, à la fin du dernier siècle, la rue s’encanaillait ; des troupes de gargotiers avaient ouvert sur les trottoirs des boutiques ; elles y sont encore, car ils foisonnent dans cette sente, les marchands de moules cuites, les frituriers de poissons et de pommes, les regrattiers qui étalent, en plein vent, sur des rebords d’échoppes, des terrines de betteraves et de choux rouges confits dans le vinaigre, des tranches de bœuf, des rouelles de boudins froids.

Cette rue est une de celles qui ont le moins souffert des soi-disant embellissements infligés à notre ville. De son point de départ, de la place Maubert, jusqu’à la rue du Fouarre, elle a bien été jetée bas tout d’un côté et vingt numéros manquent ; mais à partir de cette dernière rue elle chemine presque intacte jusqu’à sa fin. De très antiques masures subsistent. Le 29, occupé par un débit de papeterie religieuse et de vitres ; le 31,