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le quartier saint-séverin

D’autres encore étaient jadis désignées par une série d’enseignes bizarres : le Lièvre cornu, le Soufflet, les Trois Canettes, la Cuiller, le Cheval noir, l’Homme sauvage, des enseignes que l’on retrouve en province, sans qu’on puisse, la plupart du temps, connaître l’origine de ces sobriquets et en deviner le sens.

Quant à la Taille de Paris, elle ne nous apporte aucun renseignement sur ces auberges ; c’est à peine si quelques tenanciers sont inscrits sur ses listes ; par contre, on y relève les états les plus divers, ce qui prouve que cette rue n’était pas, comme tant d’autres au Moyen Âge, exclusivement habitée par des gens exerçant une seule et même profession. Parmi ces commerçants, l’on note des noms savoureux, tels que ceux de Willemoule qui vend le miel, de Sédile la coiffière, de dames Jehanne et Perronèle la Frisonne, de maître Thomas le citoléeur (luthier), d’Aalis l’ymaginière, de Huitace l’oubloier.

Ajoutons que, dans cette rue, à un endroit imprécis, s’étendait un cimetière pour les juifs qui s’étaient établis en grand nombre rue de la Harpe et dans les bicoques couvrant, non loin de là, la Seine, de chaque côté du Petit-Pont. En ces logis, situés entre le ciel et l’eau, résidaient Abraham, Haquin marc-d’argent, Senior du pont, Souni, le fils d’Abraham le Long, Lyon et sa femme, d’autres de même race, tous usuriers