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Page:Huymans - La Bièvre, les Gobelins, Saint-Séverin, 1901.djvu/128

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le quartier saint-séverin

de descente qui dégringolent avec leurs plombs et, au travers de l’étroite chaussée, se cognent.

Au quatorzième siècle, la petite place était, si nous en croyons l’anonyme qui rima les Moustiers de Paris, un marché aux frusques :

Après, oublier ne dois mie
Saint-Séverin par sa ferperie
Qui est achetée et vendue
En son quarrefour…

À l’heure actuelle, cette industrie s’est réfugiée dans les rues voisines, mais, à vrai dire, elle s’exerce surtout en plein vent ; les garnements de la paroisse achètent leurs nippes à un receleur qui rôde dans les bouges, le soir, et qui prend des objets volés en échange ; il vend d’ailleurs pour ceux qui le doivent payer en argent un peu meilleur marché que les regrattiers des boutiques ; voici un échantillon de ses prix :

Une culotte vaut de un à cinq francs ; un gilet, de quarante à cinquante sous ; un pardessus mettable atteint trois francs ; les souliers varient de un à trois et quatre francs ; le chapeau, de vingt centimes à un franc ; quant aux chaussettes, elles s’achètent, quand elles sont encore trouées, deux sous, et si elles sont raccommodées, elles coûtent cinq centimes de plus.