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le quartier saint-séverin

sant même, après sa mort, sur les âmes incertaines, par les prestiges diaboliques de ses miraculés.

La Révolution culbuta tout ; mais en 1802, lorsque Saint-Séverin fut rendu au culte, ce qui restait des jansénistes parvint à faire nommer curé un disciple fervent de Port-Royal, M. Joseph Baillet. Secondé par d’habiles prêtres engoués des mêmes idées, ce curé battit le rappel dans Paris des jansénistes et bientôt tous arrivèrent pour se fixer dans les environs de l’église, qui devint ainsi le quartier général des « appelants ».

Ce fut alors le délaissement affecté de la Vierge, les saluts silencieux et courts, la messe célébrée à demi-voix, la destruction des images et des statues, toute l’horrible sécheresse de ces âmes passée dans l’apparat du rite.

Les écoles de garçons furent confiées aux frères de Saint-Antoine et celles des filles aux sœurs de Sainte-Marthe, les deux congrégations affiliées à la secte, et, dans l’espoir de faire des prosélytes, l’on organisa, dans la rue Saint-Séverin, une imprimerie où l’on édita des annales dites « chrétiennes » et un mémoire réclamant la suppression de la langue latine dans la liturgie.

Cependant, l’archevêque de Paris, qui avait vainement accablé l’abbé Baillet de ses remontrances, finit par sévir, et, le 18 octobre 1820, il le déposséda canoniquement de sa cure et nomma à sa place un vicaire