Page:Huymans - La Bièvre, les Gobelins, Saint-Séverin, 1901.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
le quartier saint-séverin

reuse des crises, Elle est unique. Là, dans le petit coin si intime de son chevet, près de cet arbre dont le tronc tourne en spirale sur lui-même, éclate lorsqu’il touche la voûte et retombe en une pluie pétrifiée de branches, Elle se révèle très pacifiante et très douce.

Les étudiants l’invoquent pour le succès de leurs examens ; mais je crois que sa présence se fait surtout sentir aux pécheurs tourmentés par la fièvre du mal, aux pécheurs dont l’âme est à vif. Elle panse et lénifie, tout en souriant, les plaies. Elle est la Madone qui cicatrise, Celle qui désaltère.

X

En sortant de l’église et en remontant la rue des Prêtres-Saint-Séverin dont les ruisseaux lavés par des eaux de teinture arborent des pavés d’un noir d’encre ou d’un violet de gros vin, l’on atteint la rue Erembourg de Brie, devenue rue Boutebrie, où s’élevait jadis le collège de Gervais. Plus rien ne demeure de cet édifice, mais la rue conserve encore, près d’un bureau de nourrices, une ancienne maison à pignon et un vieil escalier de bois sculpté, magnifique. Moyennant quelques sous, on le visite et l’on apprend les prix, plus ou moins exacts, que des Anglais en offrirent ; en attendant qu’on le démolisse, il sert à