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le quartier saint-séverin

de raser ces tanières : à quoi cela servirait-il ? Les bandits et les prostituées qui les fréquentent iront autre part ; au lieu de se concentrer dans un endroit, ils se dissémineront dans plusieurs autres et ce sera pis. Saint-Séverin, comme il est, rend des services, car, s’il constitue l’un des refuges les plus hantés par les grinches de Paris, il est aussi l’un des viviers où la police pèche le plus à coup sûr. En tout cas, il sauvegarde les autres quartiers et facilite la surveillance de la racaille, en la rabattant sur le même point.

Et puis, n’en déplaise aux libres penseurs, il n’y a, humainement, rien à tenter pour assainir l’âme de ces gens. Les châtiments de la justice terrestre sont, au point de vue de l’amélioration des instincts, résolument nuls ; la prison est utile, parce qu’elle nous préserve, pendant le temps qu’elle les interne, des gueux, mais elle ne les assagit pas, elle les détraque ; elle achève de putréfier ceux qu’elle isole ; elle devient pour la pègre un tremplin de vanité, car, dans cette classe-là, les condamnations sont des titres et le bagne est une gloire. À moins donc de les déporter tous au loin ou de les tuer, l’on ne peut agir que par les voies surnaturelles sur les gredins.

Et c’est l’affaire de l’Église. Elle s’est toujours efforcée, quand Elle l’a pu, d’épurer les centres contaminés,