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les gobelins

l’illusion que l’on n’est plus dans la ville s’évanouit vite, car les fumées des fabriques voisines saupoudrent cette neige de leur suie ; et il en est de même pour les autres saisons une superbe vigne se déroule le long d’un espalier, mais lorsque ses raisins sont mûrs ils sont empouacrés d’une telle couche de fuligine qu’il n’y a pas moyen, même en les lavant et en les frottant, de les manger.

Est-il besoin d’ajouter que ces bélitres d’architectes, contre le vandalisme desquels tout ce qui est propre à Paris aurait dû depuis longtemps se liguer, rêvent de jeter bas la vieille manufacture et de saccager les jardins pour y édifier à la place un palais neuf ? Les styles divers des Gobelins peuvent ne pas vous faire tressauter d’aise, mais ils sont admirables si l’on songe aux établissements pénitentiaires, aux immondes casernes et aux ridicules monuments genre de l’Opéra-Comique, que les maçonniers contemporains nous infligent ; sans compter que, comme toujours, ils ajouteront à l’incomparable bêtise de leurs façades l’incommodité de l’intérieur et l’inaptitude résolue des alentours.

Il serait plus simple de réparer les anciens bâtiments, qui sont solides, bien aménagés pour les métiers de la haute lisse, et de laisser en paix cet enclos où de braves gens arrosent de pauvres fleurs. Puis