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le quartier saint-séverin

Et ces corridors menaient à des cours aérées, à de spacieux jardins. Petite sur le devant, la maison s’enflait sur les derrières, vivait à la campagne. Le bruit cessait, éteint dès l’entrée par ces murailles épaisses, par ces pierres sourdes.

Retirées et intimes, dès qu’elles tournaient le dos aux rues, ces maisons batelaient lorsqu’elles faisaient face au public ; elles se déhanchaient avec leurs buffleteries de chêne noir, titubaient sous leur bonnet en chausse à filtrer de clown, semblaient débiter des boniments au dehors et ne cesser leurs facéties que pour se recueillir en leur céans ; celles de ces bâtisses qui se livraient au commerce adoptaient, tout en restant gaies, l’allure de leur profession ; leurs traits étaient façonnés par le métier des gens ; elles étaient leurs coquilles, étaient agencées exprès pour eux ; le fournil du boulanger, la forge de l’artisan, avaient décidé des contours et des ornements des lieux qui les contenaient ; ce n’était pas, comme maintenant, d’indifférentes boutiques, aptes à arborer le comptoir d’un marchand de vins, le magasin d’un fabricant de vélocipèdes ou la resserre d’un droguiste.

Le quartier Saint-Séverin fut, dès son origine, ce qu’il est maintenant, un quartier miséreux et mal famé ; aussi regorgeait-il de clapiers et de bouges ; son aspect était sinistre à la fois et hilare ; il y avait, à côté d’au-