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le quartier saint-séverin

berges de plaisante mine et d’avenantes rôtisseries pour les étudiants, des repaires pour bandits, des coupe-gorge accroupis dans la fange des trous punais ; il y avait aussi, çà et là, quelques anciens hôtels appartenant à des familles seigneuriales et qui devaient s’écarter, avec morgue, de ces tavernes en fête, lesquelles regardaient certainement à leur tour du haut de leurs joyeux pignons le sanhédrin des bicoques usées, des ignobles cambuses où gîtaient les voleurs et les loqueteux.

Mais que ces bâtisses fussent jeunes ou vieilles, riches ou pauvres, elles étaient quand même lancées pêle-mêle dans le tourbillon cocasse des rues qui les conduisaient au galop de leurs pentes, les jetaient dans des pattes d’oie, dans des tranchées, dans des places plantées de piloris et de calvaires ; et, là, d’autres maisons s’avançaient à leur rencontre, leur faisaient la révérence, ou dansaient en rond, le bonnet de travers, les pieds dans un tas de boue. Puis le cercle de la place se rompait et les rues repartaient, se faufilaient en de maigres sentes, finissaient par se perdre dans des allées en sueur, dans les tunnels obscurs des grands porches.

Au milieu de ce sabbat de chemins égarés et de cahutes ivres, la foule grouillait, harcelée par les cloches qui la conviaient aux offices, arrêtée par des moines qui quêtaient au nom de « Jésus, notre Sire », amusée