maisons neuves. Autrefois, ils s’hébétaient avec des breuvages impétueux, mais qui ne les foudroyaient point ; aujourd’hui, ils se saoulent avec des mixtures qui les calcinent en quelques mois et les rendent fous. Dans le quartier Saint-Séverin, plus qu’ailleurs peut-être, cette vérité s’affirme.
En attendant que les tapis-francs de ses ruelles soient démolis, d’immenses assommoirs et de formidables bars se sont installés à tous les nouveaux rez-de-chaussée de ses avenues. Dans les anciennes tanières qui existent encore, dans le cabaret de la Guillotine de la rue Galande, pour en citer un, Trolliet, le patron, versait à ses habitués des consommations dures au goût, mais quasi saines ; son vin valait celui que débitent aux ménagères les épiciers du coin, et, bien qu’elle fut un peu véhémente, son eau-de-vie de marc était louable. N’ayant pas de frais généraux, il pouvait livrer des boissons honnêtement frelatées, à bon compte ; mais il n’en est pas de même de ces abreuvoirs que l’on vient de fonder et dont les dépenses d’installation et de loyer sont énormes.
Attirés, comme des papillons de nuit, par l’illumination furieuse de ces salles, les purotins commencent à déserter déjà les antiques mannezingues et ils vont s’ingurgiter, le soir, dans un décor qui les éblouit, des poisons explosifs, des liquides de colère et de meurtre.