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le quartier saint-séverin

Les hygiénistes et les marchands de morale qui se réjouissent de voir disparaître, un à un, les chenils séculaires de Saint-Séverin, verront de combien montera, dans cette paroisse, la cote des criminels et des aliénés, lorsqu’on aura complètement aboli les traces des tavernes d’antan, pour y substituer partout le luxe moderne des grands bars.

ii

Là où s’étend maintenant la place Saint-Michel, s’extravasait, au Moyen Âge, l’abreuvoir Mâcon. Adossé à la rue de la Huchette, il s’allongeait jusqu’à la rue de la Serpent, devenue rue Serpente, jusqu’à la rue de l’Aronde ou de l’Hirondelle, dont un tronçon existe encore, tel qu’un couloir dévoûté, derrière l’une des maisons de la place qu’elle rejoint à la rue Gît-le-Cœur.

Dans cette rue de l’Aronde, ainsi nommée parce qu’une hirondelle peinte sur une enseigne se balançait à la porte d’un mauvais gîte, l’on trouvait au treizième siècle deux établissements de bains, puis la demeure de deux sœurs sachètes et le logis qu’habitait dame Kateline qui file l’or.

Quant à l’abreuvoir même, c’était un des plus anciens fiefs de la prostitution parisienne. Une ordonnance de saint Louis lui reconnaissait le droit d’héberger des