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le quartier saint-séverin

Fouarre, à cause, dit Sauval, « de la paille qui servait pour y asseoir les écoliers, tandis que les régents et les docteurs étaient assis sur des chaires et sur des chaises ». Dante y a séjourné et a longuement prié dans l’église de Saint-Julien. — Grégoire de Tours, qui logeait dans les dépendances de cette basilique lorsqu’il venait à Paris, l’a connue. — Elle était, malgré tout, une ruelle bruyante et malfamée ; pour quelques étudiants riches qui assistaient au cours, pour quelques « caméristes » qui travaillaient sous la direction des pédagogues et prenaient pension dans le collège même, combien d’écoliers étaient de vrais mendiants, des vagabonds couchant en plein air et se repaissant d’épluchures ! Ces gens, qui se confondaient volontiers avec les voleurs dans les pauvres tavernes où l’on se grisait à bon compte, composaient cette armée de larrons et de clercs, de caïmans et de coupeurs de bourses, cette tourbe de la grande et de la petite flambe qui finissait, généralement, par être hébergée aux frais de la Ville, au pain et à l’eau, dans les caves de la prison voisine que le prévôt de Paris avait rebâtie, tout exprès pour elle, dans les cachots du Petit-Châtelet.

Et cependant cette rue si loquace et si fangeuse était la rue la plus comme il faut de la paroisse. On y trouvait les écoles de France, de Normandie, de Picardie, d’Angleterre, plus tard celle d’Allemagne ; en 1487, on