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le quartier saint-séverin

honneur un Pater ou répétait l’oraison que nous ont conservée les Bollandistes :

« Dieu, qui as rendu insigne par sa vertu hospitalière le Bienheureux Julien, ton pieux martyr, nous t’implorons, nous, tes serviteurs, pour que, par ses mérites et son intercession, tu daignes nous conduire vers un gîte convenable et qui plaise à ta divine majesté. »

Cette prière soulève de nombreuses controverses. Ces mots « ton pieux martyr » ne peuvent s’appliquer à saint Julien le Pauvre ou l’Hospitalier dont Flaubert a magnifiquement relaté la vie dans ses « Trois Contes », car il n’a jamais été supplicié et s’est éteint plein d’ans et de bonnes œuvres en Notre-Seigneur.

D’aucuns pensent donc qu’il s’agit d’un autre Julien. Or, l’Église compte une soixantaine de saints de ce nom ; cependant l’un d’eux, très révéré par nos pères, peut être choisi de préférence aux autres, saint Julien de Brioude, qui fut décapité dans cette ville, en 304, sous Dioclétien. Seulement, si celui-là est le vrai patron de ces lieux, plus rien ne s’explique, car il ne fut jamais invoqué contre les périls de la nuit, et d’ailleurs cette attribution est formellement contredite par un très ancien bas-relief qui, après avoir longtemps figuré sur le portail d’entrée de l’église, fut incrusté dans la façade de la crémerie Alexandre, 42, rue Galande. Ce bas-relief, amusant par sa naïveté, représente saint Julien