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le quartier saint-séverin

quelques poules. Une margelle bouchée de puits dort près de sa porte dont un vieillard sans grâce garde l’entrée.

Mais si l’on veut voir l’ensemble de l’église même, c’est dans la cour de la Maternité de l’Hôtel-Dieu, au coin de la rue de la Bûcherie, qu’il faut entrer. Là, elle s’étend de profil, minuscule parmi ce tas de masures géantes qui l’entourent.

Elle surgit à quelques pieds de terre, à peu près telle qu’elle fut réédifiée vers la fin du douzième siècle. Sans doute, elle est bien démantelée et bien déchue. Sa flèche a été rasée et à la place de son portail du treizième siècle se dresse un portique percé d’un œil de bœuf et soutenu par des piles grecques ; ses verrières sont détruites, elle est coiffée d’une toque d’occasion, elle est hâve et vulgaire, elle est en loques. Vue de l’extérieur, elle ressemble à ces vieilles chapelles de campagne qui tiennent tout à la fois du castel en ruine et de la grange qu’on abandonne. Dans la cour où elle se cache, elle est flanquée, de chaque côté, comme de deux petites filles, de deux absides naines, et toutes les trois ont la même physionomie, sont également ridées et massives, en accord avec les taudis qui les environnent.

À l’intérieur, malgré sa chétive taille, elle demeure grave et encore jolie, avec ses deux absidioles qui contiennent, chacune, un autel voué l’un à la Vierge,