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le quartier saint-séverin

qui percent de leurs fers de lance les murs que longent des faisceaux de colonnettes aux tiges recourbées, rejointes et scellées sous la courbe des plafonds par des clefs ouvragées de voûte.

Elle renferme, entre autres monuments, une assez lamentable statue de M. de Montyon, l’homme au prix de vertu, un bas-relief représentant « sage maistre Henry Rousseau, jadis advocat en Parlement » et provenant de l’ancienne chapelle de Saint-Blaise et Saint-Louis, enfin un tombeau où sont inhumés les restes de Julien de Ravalet et de la belle Marguerite, sa sœur.

Ce nom de Ravalet, qui n’évoque plus maintenant de souvenirs précis, fut celui d’une famille célèbre par la lignée de ses crimes, au Moyen Âge ; de même que Gilles de Rais, ces seigneurs furent la terreur des paysans des alentours. À cent lieues à la ronde de leur château de Tourlaville, près de Cherbourg, les pauvres gens tremblaient quand quelqu’un se hasardait à parler d’eux. Ils étaient, en effet, d’abominables bandits. C’est un Ravalet qui, après avoir violé la fille d’un de ses vassaux, la planta en terre, debout, dans un jeu de quilles, et la tua à coups de boules ; c’est encore un Ravalet qui assassina, pendant la messe, un prêtre. Quant au dernier de cette race, Julien, il s’éprit de sa sœur Marguerite et tous deux promulguèrent, sans