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le quartier saint-séverin

honte, dans toute la Normandie, la joie diabolique des incestes. Ils finirent par être exécutés, l’un et l’autre, à Paris, le 2 décembre 1603, en place de Grève, et leurs cadavres furent déposés dans ce sanctuaire de Saint-Julien où leurs têtes se trouvent encore.

Pour en revenir à l’église même, son abside était charmante, avant qu’on eût permis à des archimandrites venus de l’Orient de la gâcher. Au travers des vitres blanches, l’on apercevait un arbre qui remuait et ajoutait le réseau mouvant de ses branches aux treillis en plomb des vitres, et des oiseaux sautillaient derrière la grille de cette cage d’air. Aujourd’hui, cette volière est bouchée par une iconostase bâtie avec des essences renommées de bois, car il entre, paraît-il, dans la marqueterie de cet affreux meuble, du figuier et de l’olivier, de l’abricotier et du chêne, du palissandre et du bois de rose, le tout enlaidi par des peintures semblables aux chromos d’un bazar pieux, creusé dans le bas par trois portes, surmonté, à son sommet, d’une croix peinte et de deux gigantesques pastilles contenant des portraits de sainte Marie et de saint Jean plaqués sur des pâtes d’or.

Cet écran ne laisse plus rien voir du fond de l’église, car ses portes sont voilées par d’horribles rideaux pareils à de vieux châles de cachemire sur lesquels il aurait longuement plu ; il faut donc les lever pour