Page:Huymans - La Bièvre, les Gobelins, Saint-Séverin, 1901.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
le quartier saint-séverin

tier. La nourriture, on peut s’en tirer encore, puisque, moyennant quatre sous, l’on se repaît avec les carnes rajeunies de la rue de Bièvre ; mais le dortoir, c’est autre chose !

Les hôtels sont tenus par des logeurs ordinaires de l’Auvergne, et dont la cupidité est effroyable. Le prix de leurs chambrées est celui-ci :

Un franc pour la première nuit et quarante centimes pour celles qui suivent. On paie, bien entendu, d’avance, et l’on ajoute vingt sous si l’on veut s’allonger sur un drap blanc.

Il en est partout ainsi, dans la rue Saint-Séverin, dans la rue Galande, dans la rue de la Huchette, dans la rue Boutebrie, sauf cependant dans la rue Maître-Albert, la plus accessible aux indigents.

Là, dans l’hôtel de l’Aveyron qu’on aperçoit du coin de la place, l’on n’exige que soixante centimes pour la première nuit, et, pour celles qui lui succèdent, trente.

Mais il faut avoir vu ces chambrées dont quelques-unes renferment jusqu’à quatorze grabats dans un réduit privé d’air, pour se figurer la cherté et l’horreur de ces refuges. Pour tout meuble, des couchettes avariées et des linges pourris, une cuvette de zinc qui sert aux ablutions, un broc, un seau pour les urines ; pas de chaises, pas de table de nuit, pas de savon, pas de serviette ; sur le mur, l’ordre affiché de laisser la