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le quartier saint-séverin

clef sur la porte ; cette mesure a pour but de faciliter les recherches de la police qui souvent jaillit, avant l’aube, dans ces bouges. Le commissaire entre ; ses agents empoignent par les cheveux ceux qui dorment, les dévisagent, à la lueur d’une lanterne, leur rejettent la tête sur le sac, s’ils ne les reconnaissent pas, lèvent vivement ceux qui leur sont signalés ou qui leur semblent pouvoir être de bonne prise, les charrient dans les escaliers et les passent à tabac, s’ils regimbent.

S’il n’y avait encore que des réveils comme ceux-là ! me racontait un triste mendiant, habitué de ces asiles ; mais il faut aussi veiller sur ses hardes, cacher, si l’on se déshabille, sous son traversin, sa culotte, ne pas surtout quitter ses savates, car, le lendemain matin, l’on se trouverait dévalisé par ses compagnons, partis avant le jour.

Inutile d’ajouter que, dans ces ménageries, la vermine grouille.

« Que ça fait ? Vous avez donc une peau à la rose, vieux daim ! » disait, devant moi, une effrayante mégère à un pauvre vieux qui se plaignait d’être dévoré par les mousquetaires gris depuis qu’il couchait dans ces chambres.

Si le sort des indigents en quête d’un gîte est inenviable, celui des garçons chargés d’assurer le service de ces abris ne l’est pas moins. Ils sont nourris, logés,