Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/130

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ce moment dont parle Lacordaire, ce moment de la grâce « où le dernier trait de lumière pénètre dans l’âme et rattache à un centre commun les vérités qui y sont éparses, » ne viendrait jamais pour lui ; il n’éprouvait pas ce besoin de mortification et de prière sans lequel, si l’on écoute la majeure partie des prêtres, aucune conversion n’est possible ; il ne ressentait aucun désir d’implorer un Dieu dont la miséricorde lui semblait des moins probables ; et cependant la sympathie qu’il conservait pour ses anciens maîtres arrivait à le faire s’intéresser à leurs travaux, à leurs doctrines ; ces accents inimitables de la conviction, ces voix ardentes d’hommes d’une intelligence supérieure lui revenaient, l’amenaient à douter de son esprit et de ses forces. Au milieu de cette solitude où il vivait, sans nouvel aliment, sans impressions fraîchement subies, sans renouvellement de pensées, sans cet échange de sensations venues du dehors, de la fréquentation du monde, de l’existence menée en commun ; dans ce confinement contre nature où il s’entêtait, toutes les questions, oubliées pendant son séjour à Paris, se posaient à nouveau, comme d’irritants problèmes.

La lecture des ouvrages latins qu’il aimait, d’ouvrages presque tous rédigés par des évêques et par des moines, avait sans doute contribué à déterminer cette crise. Enveloppé dans une atmosphère de couvent, dans un parfum d’encens qui lui grisaient la tête, il