Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/236

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qu’il avait parcourues jusqu’à leurs points les plus extrêmes.

Toute la mystérieuse horreur du moyen âge planait au-dessus de cet invraisemblable livre, le Prêtre marié ; la magie se mêlait à la religion, le grimoire à la prière, et, plus impitoyable, plus sauvage que le Diable, le Dieu du péché originel torturait sans relâche l’innocente Calixte, sa réprouvée, la désignant par une croix rouge au front, comme jadis il fit marquer par l’un de ses anges les maisons des infidèles qu’il voulait tuer.

Conçues par un moine à jeun, pris de délire, ces scènes se déroulaient dans le style capricant d’un agité ; malheureusement parmi ces créatures détraquées ainsi que des Coppélia galvanisées d’Hoffmann, d’aucunes, telles que le Néel de Néhou, semblaient avoir été imaginées dans ces moments d’affaissement qui succèdent aux crises, et elles détonnaient dans cet ensemble de folie sombre où elles apportaient l’involontaire comique que dégage la vue d’un petit seigneur de zinc, qui joue du cor, en bottes molles, sur le socle d’une pendule.

Après ces divagations mystiques, l’écrivain avait eu une période d’accalmie ; puis une terrible rechute s’était produite.

Cette croyance que l’homme est un âne de Buridan, un être tiraillé entre deux puissances d’égale force, qui demeurent, à tour de rôle, victorieuses de son âme et