Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/235

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Il est vrai que celui-là était par trop compromettant et par trop peu docile ; les autres courbaient, en somme, la tête sous les semonces, et rentraient dans le rang ; lui, était l’enfant terrible et non reconnu du parti ; il courait littéralement la fille, qu’il amenait toute dépoitraillée dans le sanctuaire. Il fallait même cet immense mépris dont le catholicisme couvre le talent, pour qu’une excommunication en bonne et due forme n’eût point mis hors la loi cet étrange serviteur qui, sous prétexte d’honorer ses maîtres, cassait les vitres de la chapelle, jonglait avec les saints ciboires, exécutait des danses de caractère autour du tabernacle.

Deux ouvrages de Barbey d’Aurevilly attisaient spécialement des Esseintes, le Prêtre marié et les Diaboliques. D’autres, tels que l’Ensorcelée, le Chevalier des Touches, Une Vieille Maîtresse, étaient certainement plus pondérés et plus complets, mais ils laissaient plus froid des Esseintes qui ne s’intéressait réellement qu’aux œuvres mal portantes, minées et irritées par la fièvre.

Avec ces volumes presque sains, Barbey d’Aurevilly avait constamment louvoyé entre ces deux fossés de la religion catholique qui arrivent à se joindre : le mysticisme et le sadisme.

Dans ces deux livres que feuilletait des Esseintes, Barbey avait perdu toute prudence, avait lâché bride à sa monture, était parti, ventre à terre, sur les routes