Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/148

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poupine, rebondie, un vrai visage de joyeux compère, de bon raillard, de franc gaule-bon-temps, sans barbe, habillé d’un justaucorps du vermillon le plus cru, d’un grand col qui trempait ses pointes blanches dans le rouge de l’habit, tenait d’une main un chapeau de feutre gris, taché du bleu qui avait servi à peindre sa culotte, et désignait de l’autre au vieillard un pot de bière qui moussait sur une table barbouillée de vert et ornée de quatre pieds jaunes. Les jambes de cette table devaient être lumineuses, car elles épandaient tout autour d’elles de larges plaques de la même couleur.

Le vieillard refusait les offres du gros joufflu, et ses doigts qu’il étendait vers lui, comme pour repousser des présents d’Artaxercès, touchaient l’habit et en gardaient des reflets pourpre.

L’autre monsieur était plus maigre et il avait au-dessus de la bouche deux petites moustaches. N’était cette différence, ils se ressemblaient fort.

Tous deux avaient le visage rosâtre et, lèvres, yeux, oreilles, cheveux, tout se confondait dans la même teinte ; parfois même, la couleur avait sauté des figures et coulait sur les vêtements et les maisons. Le monsieur aux moustaches souriait d’un air aimable et tenait à la main un grand chapeau dont le jaune déteignait sur ses doigts. Tous deux disaient au vieillard qui semblait bien vieux et bien fatigué et qui était sordidement revêtu d’un vieux bonnet é