Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/176

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M. Folantin chipota ce fromage, plia sa serviette, se leva, et son dos fut salué par le garçon qui ferma la porte.

Une fois dehors, M. Folantin ouvrit son parapluie et pressa le pas. Aux lames aiguës du froid vous rasant les oreilles et le nez, avaient succédé les fines lanières d’une pluie battante. L’hiver glacial et dur qui sévissait depuis trois jours sur Paris se détendait et les neiges amollies coulaient, en clapotant, sous un ciel gonflé, comme noyé d’eau.

M. Folantin galopait maintenant, songeant au feu qu’il avait allumé, chez lui, avant que d’aller se repaître dans son restaurant.

À dire vrai, il n’était pas sans craintes ; par extraordinaire, ce soir-là, la paresse l’avait empêché de réédifier, de fond en comble, le bûcher préparé par son concierge. Le coke est si difficile à prendre, songeait-il ; et il grimpa, quatre à quatre, ses escaliers, entra, et il n’aperçut, dans la cheminée, aucune flamme.

— Dire qu’il n’existe pas de femmes de ménage, pas de portiers qui sachent apprêter un feu, grogna-t-il, et il mit sa bougie sur le tapis et, sans se déshabiller, le chapeau sur la tête, il renversa la grille, l’emplit à nouveau, méthodiquement, ménageant dans sa construction des prises d’air. Il baissa la trappe, consuma des allumettes et du papier et il se dévêtit.