Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/177

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Soudain, il soupira, car il arrachait à sa lampe de profonds rots.

— Allons, bon, il n’y a pas d’huile ! Ah bien, en voilà une autre, c’est complet maintenant ! et il considéra, navré, la mèche qu’il venait de lever, une mèche éventée et jaune, à la couronne calcinée et tailladée de dents noires.

« Cette vie est intolérable », se dit-il, en cherchant des ciseaux ; tant bien que mal, il répara son éclairage puis il se jeta dans un fauteuil et s’abîma dans ses réflexions.

La journée avait été mauvaise ; depuis le matin, il broyait du noir ; le chef du bureau où il était commis, depuis vingt ans, lui avait, sans politesse, reproché son arrivée plus tardive que de coutume.

M. Folantin s’était rebiffé et, tirant son oignon : « Onze heures juste », avait-il dit, d’un ton sec.

Le chef avait à son tour extrait de sa poche un puissant remontoir.

— Onze vingt, avait-il riposté, je vais comme la Bourse, et, d’un air méprisant, il avait consenti à excuser son employé, en s’apitoyant sur l’antique horlogerie qu’il exhibait.

M. Folantin vit, dans cette ironique manière de le disculper, une allusion à sa pauvreté et il répliqua vivement à son supérieur qui, n’acceptant plus alors les écarts séniles d’une montre, se redressa et, dans