Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/199

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coutumière, j’aurais épousé une pimbêche, une petite chipie, qui m’aurait intarissablement reproché les gênes utérines survenues après ses couches.

Non, il faut être juste : chaque état a ses inquiétudes et ses tracas ; et puis, c’est une lâcheté lorsqu’on n’a pas de fortune que d’enfanter des mioches ! — C’est les vouer au mépris des autres quand ils seront grands ; c’est les jeter dans une dégoûtante lutte, sans défense et sans armes ; c’est persécuter et châtier des innocents à qui l’on impose de recommencer la misérable vie de leur père. — Ah ! Au moins, la génération des tristes Folantin s’éteindra avec moi ! » Et, consolé, M. Folantin lapait sans se plaindre, une fois sorti du bain, l’eau de vaisselle de son bouillon, et déchiquetait l’amadou mouillé de sa viande.

Tant bien que mal, il atteignait la fin de l’hiver et la vie devint plus indulgente ; l’intimité des intérieurs cessait et M. Folantin ne regretta plus si vivement les douillettes somnolences au coin du feu ; ses promenades le long des quais recommencèrent.

Déjà les arbres se dentelaient de petites feuilles jaunes ; la Seine, réverbérant l’azur pommelé du ciel, coulait avec de grandes plaques bleues et blanches que coupaient, en les brouillant d’écume, les bateaux-mouches. Le décor environnant semblait requinqué. Les deux immenses portants,