Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/200

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représentant, l’un, le pavillon de Flore et toute la façade du Louvre ; l’autre, la ligne des hautes maisons jusqu’au Palais de l’Institut, avaient été ranimés et comme repeints et la toile du fond, de nouveau tendue, découpait sur un outremer adouci, tout neuf, les poivrières du Palais de Justice, l’aiguille de la Sainte-Chapelle, la vrille et les tours de Notre-Dame.

M. Folantin adorait cette partie du quai, comprise entre la rue du Bac et la rue Dauphine ; il choisissait un cigare, dans le débit de tabac situé près de la rue de Beaune, et il musait, à petits pas, allant un jour à gauche, fouillant les boîtes des parapets, et un autre jour à droite, consultant les rayons, en plein vent, des livres en boutique.

La plupart des volumes entassés dans les caisses étaient des rancarts de librairie, des rossignols sans valeur, des romans mort-nés, mettant en scène des femmes du grand monde, racontant, dans un langage de pipelette, les accidents de l’amour tragique, les duels, les assassinats et les suicides ; d’autres soutenaient des thèses, attribuaient tous les vices aux gens titrés, toutes les vertus aux gens du peuple ; d’autres enfin poursuivaient un but religieux ; ils étaient revêtus de l’approbation de Monseigneur un tel et ils délayaient des cuillerées d’eau bénite dans le mucilage d’une gluante prose.

Tous ces romans avaient été rédigés par d’incon-