Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/204

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précieuses que des initiés pouvaient seuls toucher ; et il repartait, examinait les magasins pleins de vieux chênes si bien réparés qu’ils ne conservaient plus un morceau du temps, les assiettes de vieux Rouen fabriquées aux Batignolles, les grands plats de Moustiers cuits à Versailles, les tableaux d’Hobbéma, le petit ru, le moulin à eau, la maison coiffée de tuiles rouges, éventées par un bouquet d’arbres enveloppé dans un coup de lumière jaune ; des tableaux étonnamment imités par un peintre, entré dans la peau du vieux Minderhout, mais incapable de s’assimiler la manière d’un autre maître ou de produire, de son cru, la moindre toile ; et M. Folantin essayait de percer la profondeur des boutiques, d’un coup d'œil au travers des portes ; jamais il n’y voyait de chalands ; seule, une vieille femme était généralement assise, dans le pêle-mêle des objets où elle s’était réservé une niche, et, ennuyée, elle ouvrait la bouche en un long bâillement qui se communiquait au chat campé sur une console.

« C’est drôle tout de même, se disait M. Folantin, comme les marchandes de bric-à-brac changent. Les rares fois où j’ai terminé au travers des quartiers de la rive droite, je n’ai jamais vu, dans les débits de bibelots, de bonnes vieilles dames comme celle-ci, mais j’ai toujours aperçu derrière les vitrines de belles et hautes gaillardes, de trente à