Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/207

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qui marinait, à son bureau, dans une carafe.

Malgré tout, cette promenade écartait les pensées trop sombres et il écoula ainsi l’été, traînant le long de la Seine, avant le dîner et, une fois sorti de table, s’attablant à la porte d’un café. Il fumait, humant un peu de fraîcheur, et malgré le dégoût que lui inspiraient les bières de Vienne fabriquées avec du chicotin et de l’eau de buis, sur la route de Flandre, il en lapait deux bocks, peu désireux de se mettre au lit.

La journée même, pendant cette saison, était moins lourde à vivre. En manches de chemise, dans sa pièce, il somnolait, entendant confusément les histoires de son collègue, se réveillant pour s’éventer avec un almanach, travaillant le moins possible, combinant des promenades. L’ennui de quitter, l’hiver, son bureau chauffé, pour courir au-dehors, dîner, les pieds trempés, et rentrer dans une chambre froide, n’existait plus. Au contraire, il éprouvait un soulagement en s’échappant de sa pièce empuantie par cette odeur de poussière et de renfermé que dégagent les cartons, les liasses et les pots d’encre.

Enfin, son intérieur était mieux tenu ; le portier n’avait plus à préparer le feu et si le lit continuait à être mal battu et pas bordé, peu importait, puisque M. Folantin couchait nu sur les draps et les couvertures.