Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/216

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enthousiasmes ? — Voulez-vous me permettre de vous offrir un cigare ? Fit-il, en entrant chez un marchand de tabac.

Ils s’épuisèrent en vain pour activer la combustion de ces londrès, qui avaient un goût de chou et ne tiraient pas. « Encore un plaisir qui s’en va, se dit M. Folantin ; même en y mettant le prix, on ne peut plus se procurer maintenant un cigare propre ! »

— Nous ferons mieux d’y renoncer, poursuivit-il en se tournant vers M. Martinet, qui aspirait de toutes ses forces sur le londrès dont la peau se crevait en fumant un peu. Du reste, nous voici arrivés ; — et il courut au guichet et rapporta deux stalles d’orchestre.

Richard commençait, dans une salle vide.

M. Folantin éprouva, pendant le premier acte, une impression étrange ; cette série de chansons pour épinettes lui rappelait le tourniquet à musique d’un marchand de vins qu’il avait quelquefois hanté. Lorsque les ouvriers mettaient en branle la manivelle, un clapotis d’airs vieillots sonnait, quelque chose de très lent et de très doux, avec de temps à autre des notes cristallines et aiguës, sautant sur le tapotement mécanique des ritournelles.

Au second acte, une autre impression lui vint. L’air « Une fièvre brûlante » évoqua en lui l’image de sa grand-mère, qui le chevrotait sur le velours d’Utrecht de sa bergère ; et il eut, pendant une