Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/217

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seconde, dans la bouche, le goût des biscottes qu’elle lui donnait, tout enfant, lorsqu’il avait été sage.

Il finit par ne plus suivre du tout la pièce ; d’ailleurs, les chanteurs n’avaient aucune voix et ils se bornaient à avancer des bouches rondes au-dessus de la rampe, tandis que l’orchestre s’endormait, las d’épousseter la poussière de cette musique.

Puis, au troisième acte, M. Folantin ne songea plus ni au tourniquet du marchand de vins, ni à sa grand-mère, mais il eut subitement dans le nez l’odeur d’une antique boîte qu’il avait chez lui, une odeur moisie, vague, dans laquelle était resté comme un relent de cannelle. Mon Dieu ! que tout cela est donc vieux !

— Joli opéra-comique, n’est-ce pas ? fit M. Martinet, en lui lançant un coup de coude.

M. Folantin tomba de son haut. Le charme était rompu ; ils se levèrent, pendant que la toile baissait, saluée par des salves de claque.

Le Pré-aux-Clercs, qui succédait à Richard, atterra M. Folantin. Jadis, il s’était pâmé aux airs connus ; maintenant toutes ces romances lui semblaient troubadour et dessus-de-pendule, et les interprètes l’irritaient. Le ténor se tenait en scène comme un trotteur et il nasillait, quand par hasard il lui coulait de la bouche un filet de voix. Costumes, décors, tout était à l’avenant ; on eût sifflé dans n’importe quelle ville de l’étranger et de la province,