Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/218

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car nulle part on n’eût supporté un chanteur aussi ridicule et des cantatrices aussi baroques. Et la salle s’était emplie pourtant, et le public applaudissait aux passages soulignés par l’implacable claque.

M. Folantin souffrait réellement. Voilà que le Pré-aux-Clercs, dont il avait conservé un bon souvenir, s’effondrait aussi.

« Tout fiche le camp », se dit-il, avec un gros soupir.

Aussi, quand M. Martinet, enchanté de sa soirée, lui proposa de renouveler de temps à autre ces petites parties, d’aller ensemble, s’il le désirait, au Français, M. Folantin s’indigna et, oubliant les réserves, qu’il s’était promis d’observer, il déclara violemment qu’il ne mettrait plus les pieds dans ce théâtre.

— Mais pourquoi ? questionna M. Martinet.

— Pourquoi ? Mais d’abord, parce que s’il existait une pièce vivante et bien écrite — et je n’en connais aucune pour ma part, — je la lirais chez moi, dans un fauteuil, et ensuite parce que je n’ai pas besoin que des cabots, sans instruction pour la plupart, essaient de me traduire les pensées du monsieur qui les a chargés de débiter sa marchandise.

— Mais enfin, dit M. Martinet, vous admettrez bien que des comédiens du Théâtre-Français...

— Eux ! s’écria M. Folantin, allons donc ! ce sont des Vatel de Palais-Royal, des sauciers, et voilà