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Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/233

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les marchands de nouveautés et les bric-à-brac. »

Son désœuvrement prenait fin ; un nouvel intérêt se glissait en lui ; la préoccupation de découvrir, sans trop dépenser d’argent, quelques gravures, quelques faïences, le soutenait et, après son bureau, il déployait une hâte fébrile, escaladait les étages du Bon Marché et du Petit Saint-Thomas, remuant des masses d’étoffes, les trouvant trop foncées ou trop claires, trop étroites ou trop larges, refusant les rebuts et les soldes que les calicots s’efforçaient de tarir, les obligeant à exhiber des marchandises qu’ils réservaient. À force de les tanner, de les tenir en haleine, pendant des heures, il finit par se faire montrer des rideaux tout faits et des tapis qui le séduisirent.

Après ces emplettes et après de féroces discussions chez les débitants de bibelots et d’estampes, il demeura sans le sou ; toutes ses économies étaient épuisées ; mais, comme un enfant à qui l’on vient d’offrir de nouveaux jouets, M. Folantin examinait, remuait ses achats dans tous les sens. Il grimpait sur les chaises pour attacher les cadres et il disposait ses livres en un autre ordre. L’on est bien chez soi, se disait-il ; et, en effet, sa chambre n’était plus reconnaissable. Au lieu de murailles aux papiers éraillés par d’anciennes traces de clous, les cloisons disparaissaient sous les gravures d’Ostade, de Teniers, de tous les peintres de la vie