Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/234

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réelle dont il raffolait. Un amateur eût certainement haussé les épaules devant ces estampes sans aucune marge, mais M. Folantin n’était ni connaisseur, ni riche ; il acquérait surtout les sujets de la vie humble qui lui plaisaient, et il se moquait d’ailleurs de l’authenticité de ses vieux plats, pourvu que les couleurs en fussent actives et propres à égayer ses murs.

« Il aurait fallu changer aussi mes meubles d’acajou, se dit-il, considérant son lit à bateau, ses deux voltaires au damas roussi, sa toilette au marbre fendu, sa table au plaqué rougeâtre, mais ce serait trop cher, et du reste les rideaux et les tapis rajeunissent suffisamment ce mobilier qui, de même que mes vieux vêtements, est fait à mes mouvements et à mes habitudes. »

Aussi quel empressement à rentrer maintenant chez lui, à éclairer tout, à s’enfoncer dans son fauteuil ! Le froid lui semblait parqué au-dehors, repoussé par cette intimité de petit coin choyé, et la neige qui tombait, qui assoupissait tous les bruits de la rue, ajoutait encore à son bien-être ; dans le silence du soir, le dîner, les pieds devant le feu, tandis que les assiettes chauffaient devant la grille, près du vin dégourdi, était charmant, et les ennuis du bureau, la tristesse du célibat s’envolaient dans cette pacifiante quiétude.

Sans doute, huit jours ne s’étaient pas écoulés