Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/241

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mourir sans regrets, persuadée que les allégresses infinies allaient éclore ! »

Il pensa à elle, tâcha de se rappeler ses traits, mais sa mémoire n’en avait gardé aucune trace ; alors, pour se rapprocher un peu d’elle, pour s’immiscer un peu dans l’existence qu’elle avait menée, il relut le mystérieux et pénétrant chapitre des Misérables, sur le couvent du Petit-Picpus.

« Pristi ! c’est payer cher l’improbable bonheur d’une vie future », se dit-il. Le couvent lui apparut comme une maison de force, comme un lieu de désolation et de terreur. « Ah bien, pas de ça ! je ne jalouse plus le sort de la tante Ursule ; mais c’est égal, les malheurs de l’un ne consolent pas les malheurs de l’autre et, en attendant, la boustifaille du pâtissier devient inabordable. »

Deux jours après, il reçut, en plein crâne, une nouvelle douche.

Pour faire diversion aux dîners composés de salades et de desserts, il retourna dans un restaurant ; il n’y avait personne, mais le service était lent et le vin fleurait la benzine.

« Enfin, l’on n’est pas foulé, c’est déjà quelque chose », se dit, en guise de consolation, M. Folantin.

La porte s’ouvrit, un soufflet lui éventa le dos ; il entendit un grand frou-frou de jupes et sa table se couvrit d’ombre. Une femme était devant lui, qui dérangeait la chaise sur les barreaux de laquelle il