Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/242

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appuyait ses pieds. Elle s’assit, et posa sa voilette et ses gants près de son verre.

« Que le diable l’emporte, grommela-t-il, elle n’a que l’embarras du choix, toutes les tables sont vides ; et elle vient, juste, s’installer à la mienne ! »

Machinalement, il leva les yeux, qu’il tenait baissés sur son assiette, et il ne put s’empêcher d’inspecter sa voisine. Elle avait une figure de petit singe, une margoulette fripée, avec une bouche un peu grande marchant sous un nez retroussé, et de toutes petites moustaches noires au bout des lèvres ; malgré ses airs folichons, elle lui sembla cependant polie et réservée.

Elle lui dardait de temps à autre un coup d'œil et, d’une voix très douce, le priait de lui passer la carafe ou le pain. En dépit de sa timidité, M. Folantin dut répondre à quelques questions qu’elle lui lança ; peu à peu la conversation s’était engagée, et, au dessert, ils déploraient, ne sachant trop quoi dire, l’aigre bise qui sifflait au-dehors, en leur glaçant les jambes.

— C’est des temps où il ferait bon de ne pas coucher seul, fit la femme d’un ton rêveur.

Cette réflexion abasourdit M. Folantin, qui ne crut pas devoir répondre.

— N’est-ce pas, Monsieur ? Reprit-elle.

— Mon Dieu !... Mademoiselle... et, comme un poltron, qui jette ses armes, pour ne pas engager