Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/243

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une lutte avec son adversaire, M. Folantin avoua sa continence, son peu de besoins, son désir de tranquillité charnelle.

— Avec ça ! Dit-elle, en le regardant bien dans les yeux.

Il se troubla, d’autant que le corsage qu’elle avançait exhalait un arôme de new-mown-hay et d’ambre.

— Je n’ai plus vingt ans, et, ma foi, je n’ai plus de prétentions — si j’en ai jamais eu ; — ce n’est plus de mon âge.

Et il désigna sa tête chauve, son teint plombé, ses vêtements qui n’appartenaient plus à aucune mode.

— Laissez donc, vous voulez rire, vous vous faites plus vieux que vous n’êtes ; et elle avait ajouté qu’elle n’aimait pas les jeunes gens, qu’elle préférait les hommes mûrs, parce que ceux-là savent se conduire avec une femme.

— Sans doute... sans doute, balbutia M. Folantin, qui demanda l’addition ; la femme ne tira pas son porte-monnaie, et il comprit qu’il fallait s’exécuter.

Il solda au garçon railleur le prix des deux dîners et il s’apprêtait à saluer la femme, sur le seuil de la porte, lorsqu’elle lui prit tranquillement le bras.

— Tu m’emmènes, dis, monsieur ?

Il chercha des échappatoires, des excuses pour éviter ce mauvais pas, mais il s’embrouillait, il