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VI



UN cimetière au fond ; à droite, une tombe avec cette inscription : ci-gît... tué en duel. — La nuit ; un peu de musique en sourdine ; personne.

Soudain, par les portants de droite et de gauche, s’avancent lentement, suivis de leurs témoins, deux pierrots en habits noirs : l’un, grand, maigre, rappelant le type créé par Deburau, une longue tête de cheval, enfarinée, des yeux clignotants sous des paupières blanches, l’autre plus ramassé, plus boulot, le nez court, goguenard, la bouche crevant d’un trou rouge le masque blême.

L’impression produite par l’entrée de ces hommes est glaciale et grande. Le comique tiré de l’opposition de ces corps noirs et de ces visages de plâtre disparaît ; la sordide chimère du théâtre n’est plus. La vie seule se dresse devant nous, pantelante et superbe.

Les pierrots lisent l’inscription de la tombe et