Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/26

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sequins qui l’enveloppent comme d’une ronde de points d’or, bondit et s’affaisse dans ses jupes, simulant la fleur tombée, les pétales en bas et la tige en l’air.

Mais tout cet oriental de mi-carême éclatant dans un fracas d’apothéose n’a pu faire oublie, aux connaisseurs que, parmi ces grandes bringues secouant en cadence leurs puces, une seule fut intéressante, celle costumée en officier de spahis, avec un large pantalon bleu flottant, de mignonnes bottes rouges, le spencer à soutaches d’or, le petit gilet écarlate collant, moulant le sein, dessinant la pointe tenue droite. Elle dansait comme une chèvre, mais elle était adorable et ignoble, avec son képi galonné, sa taille de guêpe, son gros derrière, son bout de nez retroussé, sa mine gentiment canaille et luronne. Telle quelle, cette fille évoquait des barricades et des rues dépavées, exhalait un fumet de trois-six et de poudre, dégageait un épique de populace et une emphase de guerre civile, mitigée par des noces crapuleuses, en armes.

Invinciblement, on a songé devant elle à ces époques surexcitées, à ces soulèvements où la Marianne de Belleville lâchée se rue pour délivrer une patrie ou défoncer une tonne.